Comment le partage des connaissances améliore la programmation au Sahel

FSN Network
8 min readJul 27, 2023

Par : Sita Conklin ; Conseillère, Moyens de subsistance des jeunes ; Save the Children

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Ce blog a été soumis par Save the Children dans le cadre de la série “Nourishing Inclusion : S’engager pour le genre et la jeunesse dans la crise alimentaire”, qui me en avant des exemples d’acteurs de la mise en œuvre s’engageant pour l’inclusion non seulement en paroles, mais aussi en actions. Ce billet met en lumière l’engagement 5 : Incorporer les leçons tirées des projets précédents pour éviter de répéter les erreurs ; et l’engagement 7 : Renforcer la collaboration entre les programmes et dépasser les silos sectoriels dans les approches. Pour en savoir plus sur cette série, cliquez ici.

Ne nous leurrons pas, la collaboration est souvent reléguée au second plan. Bien que nous sachions qu’elle est cruciale, il est ardu, en pleine mise en œuvre, de l’établissement de rapports et du suivi de nos activités, de trouver le temps de partager avec d’autres programmes et d’apprendre d’eux. Pourtant, partager les leçons apprises et les pratiques prometteuses avec ceux qui travaillent sur des activités similaires, et disposer d’un espace pour résoudre collectivement les problèmes, nous permettant d’optimiser la mise en œuvre et d’obtenir de meilleurs résultats.

Save the Children a mis en exerguel’importance de l’apprentissage collaboratif lors de l’atelier d’apprentissage et de réflexion des jeunes du Sahel organisé à Niamey, au Niger, en mars 2023. Au cours de cet atelier d’une semaine, les responsables de la mise en œuvre de trois activités de résilience en matière de sécurité alimentaire (RFSA) dans la région du Sahel — Albarka au Mali, Victoire contre la malnutrition plus (ViMPlus) au Burkina Faso et Wadata au Niger — se sont réunis pour partager leurs points de vue, identifier les approches et les outils qui ont fait leurs preuves et ouvrir la voie à de nouvelles étapes transformatrices.

Photo de groupe de l’atelier
Crédit photo : Almahadi Ag Akeratane, Chef de bureau, Gao, Tassaght

Un marché d’idées pour stimulerl’apprentissage croisé

Au cœur de l’atelier, chaque équipe du RFSA a partagé des aperçusde son travail marquantavec les jeunes. Les trois activités emploientdes approches de changement de comportement social pour cibler les 10–29 ans afin qu’ils participent à des programmes de leadership, de santé sexuelle et reproductive, de nutrition et de moyens de subsistance. Plus précisément, ces équipes ont utilisé cette plateforme pour réfléchir au cadre du développement positif de la jeunesse (PYD) et démontrercomment leurs efforts s’alignent sur chacun des quatre domaines. Ce partage collectif a révélé des points communs remarquables et a ouvert la voie à un apprentissage collaboratif.

Les équipes n’ont pas seulement discuté de ce qu’elles faisaient, mais égalementde la manière dont elles le faisaient. Au cours de l’atelier, Save the Children a organisé un marché aux outils, où les équipes ont pu partager leurs outils les plus efficaces et leurs pratiques prometteuses. Il s’agissait d’un échange de connaissances dynamique, où les participants circulaient entre les tables, favorisantun apprentissage plus approfondi et permettant aux équipes d’identifier des moyens d’intégrer immédiatement de nouveaux outils et de nouvelles approches àleurs activités. En fait, un mois plus tard, les équipes ont déclaré avoir utilisé les connaissances acquises auprès de leurs collègues pour améliorer leurs activités.

Groupe à l’atelier debout autour d’une discussion sur tableau à feuilles mobiles
Crédit photo : Almahadi Ag Akeratane, Chef de bureau, Gao, Tassaght

Identifier les points communs des programmes pour la jeunesse

Grâce au partage des connaissances entre pairs, les équipes ont identifié des approches communes en matière de programmation pour la jeunesse afin de partager les réussites et de résoudre les problèmes. Par exemple, les trois ASR utilisent des groupes de jeunes sous une forme ou une autre pour mettre en œuvre des activités et créer des espaces sûrs où les jeunes peuvent s’épanouir.

  • ViMPlus utilise un modèle de club pour le Développement Positif de la jeunesse (DPJ) afin d’inciter les adolescents à discuter des compétences de vie courante, d’abordent une variété de sujets et s’impliquent dans des projets visant à soutenir leurs communautés. Par exemple, filles et garçons ont échangésur l’hygiène menstruelle et ont travaillé à la création de serviettes hygiéniques réutilisables destinées aux personnes mentruantes de leur communauté afin de réduire la stigmatisation et l’absentéisme scolaire. ViMPlus a mis en place 160 clubs, touchant directement plus de 2 500 adolescents, et Face à leur succès, inistère de la jeunesse a créé de nouveaux clubs en dehors des activités directes du projet. L’équipe d’Albarka est en train d’adopter le modèle de club DPJaprès l’avoir découvert lors de l’atelier, et l’équipe de Wadata applique les leçonstirées des groupes d’hygiène menstruelle à ses initiatives.
  • Wadata a formé des groupes de jeunes appelés Matasa Masu Fusha “Youth with Initiative” (MMF) pour promouvoir l’engagement social et économique. À ce jour, Wadata compte plus de 8 000 jeunes femmes et hommes engagés dans leurs groupes sociaux et économiques MMF. Ces groupes participent activement à la promotion de projets de développement communautaire, d’activités génératrices de revenus et du développement des jeunes (par exemple, les compétencesentrepreneuriales des jeunes, les jeunes devenant prestataires de services, les jeunes assurant des rôles de leadership dans les dialogues communautaires, et l’amélioration des pratiquesde santé). L’équipe d’Albarka cherche à mettre en œuvre une initiative similaire sur la base de ce succès.
  • Albarka pilote actuellement une approche de projet communautaire dirigé par des jeunes avec 58 groupes de jeunes. Ces groupes de jeunes travaillent ensemble pour développer des entreprises à vocation économique ou sociale afin de promouvoir la cohésion sociale et le développement économique. Par exemple, un groupe a travaillé sur l’engraissement du bétail pour augmenter et diversifier les revenus, tandis qu’un autre a travaillé sur les cultures maraîchères pour augmenter et diversifier les revenus ainsi que pour diversifier la sécurité nutritionnelle.
Groupe à l’atelier debout autour d’une discussion sur tableau à feuilles mobiles
Crédit photo : Almahadi Ag Akeratane, Chef de bureau, Gao, Tassaght

Outre les groupes de jeunes, les équipes ont identifié d’autres approches réussies pour l’inclusion des jeunes, même dans des environnements difficiles.

  • Formation des jeunes à l’évaluation des marchés et attributionde petites subventions en espèces aux micro-entreprises. L’équipe ViMPlus a formé 84 jeunes, dont 50 % de jeunes femmes, à l’analyse des marchés. Ces participants ont réussi à identifier des domaines clés pour générer des revenus, tels que l’élevage, l’agriculture et le petit commerce. À la suite de cette analysedu marché, l’équipe ViMPlus a fourni à près de 100 adolescents de petites subventions en espèces, de l’ordre de 80 dollars, destinées à initier des activités génératrices de revenus à petite échelle. Suite à l’accueil positif de ce projet pilot, une évaluation est en cours en vue de son expansion. En se basant sur ces données, Albarka travaille actuellement à la formation de jeunes pour réaliserdes analysesde marché au Mali.
  • Mise en place d’activités avec les jeunes dans les zones conflictuelles afin de favoriser une voie plus rapide vers la durabilité. Au sein de communautés confrontées à l’insécurité et difficiles d’accès, Albarka mobilise es jeunes de ces communautés en tant que formateurs pour le développement des compétences de la vie courante et de l’esprit d’entreprise, et de l’alphabétisation. En particulier dansle nord du Mali et au Burkina Faso, les activités impliquantles jeunes se poursuivent malgré les restrictions imposées par l’insécurité et les groupes armés radicaux. Les équipes sélectionnent les prestataires de services locaux, les personnes ressources locales et les mentors locaux pour les jeunes en fonction de leur capacité à s’adapter au contexte et de leur intégration dans les communautés, contribuant ainsi à un impact durable. De plus, sen l’absence notable du secteur privé dans ces régions, les projets s’appuient sur la mise en relation des jeunes avec des entrepreneurs locaux pour le mentorat et l’apprentissage.
Un groupe de quatre personnes sourit à la caméra
Crédit photo : Almahadi Ag Akeratane, Chef de bureau, Gao, Tassaght

L’apprentissage collaboratif au service de l’action : Ouvrir la voie à la transformation

À la fin de l’atelier, les trois équipes ont mis à profit le partage des connaissances de l’atelier pour identifier les mesures à prendre afin d’améliorer leurs activités.

  1. Transition d’une perception des jeunes en tant que participants à une perception jeunes en tant que leaders et propriétaires d’initiatives visant à améliorer la sécurité alimentaire et la résilience dans leurs communautés. Dans les trois ASR, les jeunes sont les principales parties prenantes et travaillent dans tous les domaines thématiques. Ils contribuent profondément aux activités et ce changement de perspective correspond mieux à la réalité de leur contribution et guidel’engagement vers un changement plus durable. Wadata évaluera les groupes MMF plus tard dans l’année afin de déterminer dans quelle mesure cette approche a contribué à ce changement de perspective et ce qui pourrait être amélioré à l’avenir.
  2. Harmoniser les indicateurs entre les activités et mesurer plus efficacement l’impact de la jeunesse. Dans les trois équipes, il n’y avait qu’un seul indicateur commun concernant l’accès aux ressources productives. De plus, les indicateurs de chaque équipe étaient axés sur les réalisations plutôt que sur les résultats. Grâce à la réflexion et à l’analyse des données, les équipes ont identifié la nécessité de mieux harmoniser les indicateurs entre les ASR afin de favoriser le partage et l’apprentissage entre les activités. En outre, les équipes des ASR ont identifié le besoin de mesurer plus efficacement les contributions des jeunes par le biais d’indicateurs axés sur les résultats. Cela pourrait inclure l’implication des jeunes dans le processus de suivi et d’évaluation. Les équipes ont identifié le Positive Youth Development Measurement Toolkit comme une ressource solide pour mesurer plus intentionnellement les contributions des jeunes à la sécurité alimentaire et à la résilience. Albarka utilise déjà des indicateurs de la boîte à outils et Wadata utilise la boîte à outils pour aider à encadrer l’évaluation des groupes MMF plus tard cette année.
  3. Explorer le rôle des plateformes numériques et commente les exploiter positivement. Les équipes du RFSA ont constaté que, même dans les zones très rurales, les jeunes sont bien connectés aux plateformes de médias sociaux, à la fois pour rechercher des informations et pour promouvoir des produits commerciaux. Les équipes ont reconnu à la fois le défi actuel et l’opportunité de la culture numérique.
  4. Continuer à rassembler le personnel pour amplifier l’impact et promouvoir l’excellence technique à travers le pays grâce à une culture de mentorat et de résolution de problèmes entre pairs. Il est clair, même un mois après notre atelier, que les membres du personnel communiquent davantage entre eux au-delà des frontières et se soutiennent mutuellement lorsqu’ils intègrent dans leurs projets les nouvelles approches qu’ils ont apprises lors de l’atelier. Les possibilités de partage des connaissances en personne contribuent à renforcer les réseaux de soutien en vue d’un meilleur apprentissage collaboratif. Ainsi, les équipes ont convenu de créer une communauté de pratique qui se réunira tous les trimestres à l’avenir et Save the Children espère en faire un événement annuel d’apprentissage pour les jeunes, avec encore plus de parties prenantes.

Briser les barrières pour améliorer l’impact

Les trois RFSA se sont rassemblés en tant que projets distincts et personnel de nombreux pays, contextes et même organisations différents, avec Save the Children dirigeant Albarka et Wadata, et ACDI/VOCA dirigeant ViMPlus. Cependant, les équipes ont quitté la semaine avec un sentiment de cohésion et d’unité, comme une seule équipe qui peut se soutenir mutuellement à l’avenir. Il n’est pas facile de quantifier la valeur du partage des défis, de la recherche de solutions communes et du partage de pratiques prometteuses susceptibles d’enrichir d’autres programmes. Toutefois, ces équipes ont démontré que l’apprentissage collaboratif est un catalyseur de changement transformateur, suscitant l’innovation, créant un réseau de soutien et nourrissant l’inclusion au sein du Sahel.

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